
Doggerland: un monde disparu en mer du Nord - le français
- Le Doggerland reconstitué
- VITRINE 1 - Souvenirs du paysage englouti
- VITRINE 2 - Biface
- VITRINE 3 - Découverte
- VITRINE 4 - Carotte de forage
- VITRINE 5 - Promeneurs sur la plage
- VITRINE 6 - Un silex polyvalent
- VITRINE 7 - Méthode de production
- VITRINE 8 - Krijn
- VITRINE 9 - La plus ancienne trace artistique
- VITRINE 10 - Utilisation et réutilisation
- Bouldnor Cliff
- VITRINE 11 - Ciseaux à douille et haches
- L'apport de la recherche expérimentale
- VITRINE 12 - Coup de bol
- Cartographie du paysage englouti
- Agassiz
- VITRINE 13 - Du matériel bien conservé
- HOLOGRAMME - Grand pingouin
- VITRINE 14 - Découverte sur la plage: grand pingouin
- VITRINE 15 - Morses flamands
- VITRINE 16 - Une voie rapide pour la commerce
Le Doggerland reconstitué
Les nombreuses découvertes présentées dans cette exposition sont principalement le fait de collectionneurs, de pêcheurs et de promeneurs qui arpentent les plages. Ces archéologues et paléontologues amateurs passent de nombreuses heures sur les plages, par tous les temps. Ils documentent et archivent souvent leurs découvertes de manière professionnelle. Ils travaillent en étroite collaboration avec les scientifiques : c'est ensemble que nous écrivons l'histoire du Doggerland.
Que faire si vous faites une découverte ?
Imaginez que vous vous promeniez sur la plage et tombiez sur un objet qui vous semble d’une autre époque : fragments de poterie, bois d’épave, ossements humains, silex, fossiles ou vieux os d'animaux, ustensiles en verre, en métal, etc.
Que faites-vous ?
Le plus important est de recueillir un maximum d'informations sur place :
- Où avez-vous fait la découverte ? Le mieux, ce sont les coordonnées géographiques, mais si vous vous rappelez à hauteur de quel point de référence et à quelle distance de la plage vous avez fait la découverte, c’est déjà précieux.
- Dans quelles conditions avez-vous fait la découverte ? L'objet était-il enterré, dépassait-il du sol, se trouvait-il sur la ligne de marée, sur du sable sec ou humide, etc. ? Y avait-il d’autres artefacts à proximité ?
- Décrivez ce que vous avez trouvé, si possible à l’aide de photos aussi nettes que possible. Pour avoir une idée de la taille, placez une pièce de 2 euros à côté de l’objet trouvé et, en cas de découverte plus importante, une latte ou une chaussure. Des détails et/ou des photos de la face avant et arrière de l’objet peuvent également être utiles.
Comment et où signaler ces découvertes ?
Évitez de toucher aux structures, aux découvertes plus importantes ou aux concentrations d’objets. Déclarez-les dès que possible via l'application de signalement d’une découverte fortuite de l’Administration flamande du Patrimoine : https://www.onroerenderfgoed.be/toevalsvondst
Les découvertes faites à l'aide d'un détecteur de métaux doivent être signalées via l'application de signalement d’une découverte lors d’une activité de détectorisme : https://loket.onroerenderfgoed.be/archeologie/metaaldetectievondstmeldingen
S'il s'agit d'une découverte isolée, vous pouvez envoyer le lieu, la date de la découverte et des photos à l’Administration flamande du Patrimoine via l’adresse [email protected].
Si vous trouvez des ossements humains ou des munitions, ne touchez à rien, prévenez la police (via le 112) et restez à proximité de la découverte pour permettre sa localisation. N'oubliez pas d'informer également l’Administration flamande du Patrimoine.
Souvenirs de paysage englouti
Pendant les périodes glaciaires, la région du Doggerland était souvent une froide steppe, parcourue par des rennes, des chevaux et des mammouths. Des restes de mammouths se retrouvent encore de temps en temps dans les filets des pêcheurs ou sont découverts sur les plages belges et néerlandaises.
Le guide du Zwin, Omer Rappé, était actif comme pêcheur dans les années 1970, avec ses frères et sa sœur. Leur bateau, le Z 420 VERA, était équipé d’un chalut à perche. Cette technique de pêche consiste à traîner le filet sur le fond marin. À plusieurs reprises, des restes de mammouth ont été remontés à la surface : une énorme défense et deux molaires, souvenirs du paysage englouti de la mer du Nord.
1. Fragment d’une défense de mammouth (poids: 9,9 kg), repêché par la famille Rappé au large des Hinderbanken, au début des années 1970.
Les proboscidiens (éléphants et espèces apparentées) possèdent quatre molaires visibles, qui peuvent être remplacées jusqu’à six fois au cours de leur vie. À chaque remplacement, une nouvelle dent progresse depuis l’arrière de la mâchoire vers l’avant, jusqu’à ce qu’elle pousse l’ancienne dent hors de la bouche.
2. Molaire de mammouth (poids : 6,0 kg), repêchée par la famille Rappé, mer du Nord.
Au printemps dernier, plusieurs inventaires des îles de nidification dans le Zwin ont été réalisés par des collaborateurs de l’INBO, de l’ANB et du Parc Naturel du Zwin. Lors de l’une de ces visites, Eric Stienen a fait une découverte inattendue dans le sable coquillier apporté : une molaire intacte de mammouth.
3. Molaire d’un jeune mammouth, îles de nidification du Zwin, trouvée le 14/05/2025.
Biface
Pendant des milliers d'années, les bifaces furent l'outil principal des Néandertaliens et de leurs prédécesseurs. Des centaines de milliers d'exemplaires ont été fabriqués, utilisés, portés, admirés et perdus dans le Doggerland. C'est le symbole par excellence d'un monde perdu.
1. Biface en silex, Yerseke/Middeldiep, il y a environ 50.000 ans.
Pointe
Les pointes en os et en bois de cervidés servaient à fabriquer des armes de chasse, telles que des lances et des flèches. Après la dernière période glaciaire, nos ancêtres les utilisaient souvent dans le Doggerland fertile mais en voie d’être submergé par les eaux.
2. Pointe en os, plaine de la Meuse 1, entre 11.000 et 8.000 ans.
Découverte
1. Submerged Forests (1913) du géologue britannique Clement Reid.
D’abord pont terrestre, ensuite paysage
Le Doggerland a longtemps été considéré comme un pont terrestre plutôt que comme une zone habitée en permanence. La publication Doggerland. L’ouvrage A speculative survey (1998) de l’archéologue Bryony Coles a changé la donne. Il a mis en évidence l’énorme potentiel de cette région immergée et lui a donné son nom : Doggerland.
2. Doggerland. A speculative survey de Bryony Coles (1998).
Le « harpon » des bancs de Leman et d'Ower
Une première preuve de présence humaine dans le Doggerland est apparue en septembre 1931. Un imposant bloc de tourbe avait été pris dans les filets du chalutier Colinda, près des bancs de Leman et d'Ower Lorsque le capitaine Lockwood l'ouvrit, une pointe de lance dentelée en bois de cerf de 21 cm de long roula sur le pont.
3. Fac-similé d’une pointe de lance en bois de cervidé, bancs de Leman et Ower, original env. 11.740 av. J.-C. Artisan Diederik Pomstra.
Recherches aux Pays-Bas
En 1970, le conservateur du musée royal de Oudheden aux Pays-Bas, Leendert Louwe Kooijmans, publia une étude sur les artefacts d’os et de bois du Mésolithique.
4. Mesolithic bone and antler implements from the North Sea and the Netherlands, par Leendert Louwe Kooijmans (1971), y compris la description d’une herminette en os, Brown Bank, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
5. Restes fossiles de mammifères et découvertes récentes, Pléistocène et Holocène, prêt Fossiles de la mer du Nord.
Carotte de forage
Une carotte de forage est une archive contenant des milliers d’années de changements environnementaux. Celle présentée ici a été prélevée à 500 mètres au large de la côte de Raversijde, à une profondeur de 5 mètres, et révèle 10 000 ans d’histoire.
De bas en haut, on observe du sable brun avec des traces de racines, ce qui indique des dépôts terrestres près d’une rivière. (1)
Au-dessus se trouve une couche sombre de tourbe, vestige de plantes marécageuses datant d’une période humide il y a entre 9 000 et 8 000 ans. (2)
La couche de limon gris qui suit signale une transition vers une zone soumise aux marées, due à la montée du niveau de la mer et à la compaction du sol. Ce processus s’est accéléré à partir de l’époque romaine en raison de l’exploitation de la tourbe. (3)
Enfin, une couche de coquillages est visible, signe d’un environnement entièrement marin. (4)
Cette carotte illustre comment la montée du niveau de la mer au cours des derniers millénaires a profondément transformé le paysage. Des analyses de laboratoire complémentaires permettent de mieux comprendre encore cette histoire.
Promeneurs sur la plage
Les plus anciennes traces de présence humaine en Europe du Nord ont été découvertes près de Happisburgh, dans le Norfolk, en Angleterre, en 2013. La mise au jour d’une série d'empreintes de pas dans le sous-sol argileux, vieilles de 950.000 à 850.000 ans, a été particulièrement impressionnante. Au total, 50 empreintes ont été découvertes sur une surface d'environ 40 m2 provenant d'un petit groupe d'environ cinq individus, dont des enfants. L'analyse des grains de pollen a révélé qu'elles dataient d'une période plus froide, marquée par la présence de nombreux pins et de conifères.
1. Photo d'un moulage de l'une des cinquante empreintes de pas trouvées à Happisburgh en 2013, avec l'aimable autorisation de Nick Ashton/Pathways to Ancient Britain Project.
Le premier biface
Le biface de Happisburgh est le plus ancien outil d'Europe du Nord, il date d’il y a quelque 700.000 ans. Les bifaces étaient les « couteaux suisses » de nos premiers ancêtres. Leur fabrication nécessitait finesse et savoir-faire, mais ils duraient longtemps.
2. Fac-similé du biface de Happisburgh, Happisburgh, original datant d'il y a 700.000 à 500.000 ans, prêt Norfolk Musées
Un silex polyvalent
Les découvertes les plus emblématiques de la période de Néandertal sont les bifaces en silex. Ce sont les couteaux suisses de l'époque, ils permettent de couper, de hacher et de faire du feu avec de la pyrite. Les 33 bifaces identifiés en quelques jours dans une entreprise de dragage à
Flessingue par l'archéologue amateur Jan Meulmeester représentent une découverte exceptionnelle.
1. Biface d’un nodule de silex provenant du gravier d'une rivière, tradition moustérienne, Zandvoort, il y a 160.000 - 40.000 ans.
2. Biface, Yerseke, il y a 90.000 - 40.000 ans.
3. Trois des 33 bifaces trouvés par Jan Meulmeester, Flessingue, il y a 250.000 - 200.000 ans, prêt Jan Meulmeester.
Ensemble d’outils
Les outils de Néandertal en silex comprenaient, outre les bifaces, des grattoirs de tailles diverses pour le travail de la peau, des os et du bois, des pointes pour la chasse et un outil dentelé - appelé denticulé - pour scier.
4. Grattoir, Castricum, il y a 90.000 - 40.000 ans
5. Pointe (sans doute une pointe de lance), tradition moustérienne, Zandmotor, il y a 90.000 - 40.000 ans.
Forme et technique
La forme et la technique témoignent du savoir-faire artisanal nécessaire à la fabrication de ces outils. Elles permettent également de déterminer l'âge et l'origine des outils. La grande majorité des objets trouvés sur les plages sont des déchets issus du travail du silex, tels que de vieux nucléus ou des éclats ratés.
6. Éclat Levallois, Camperduin, Schoorl, il y a 300.000 - 50.000 ans.
7. Éclat Levallois, Yerseke, il y a 300.000 - 40.000 ans.
8. Éclats, seconde plaine de la Meuse, il y a 300.000 - 40.000 ans.
9. Fragment de nucléus, Yerseke, il y a 300.000 - 40.000 ans
IMAGE: Un homme de Néandertal est rasé à l'aide d'un petit couteau en silex enveloppé dans du brai de bouleau. Illustration : Kelvin Wilson.
VIDEO: Du nodule au biface
Fabriquer un outil pratique comme le biface exige planification, savoir-faire et beaucoup d’entraînement. Le terme « biface » tire son nom des deux côtés du nodule qui doivent être travaillés pour obtenir le résultat final adéquat. Cette vidéo du musée gallo-romain de Tongres décrit la fabrication d'un biface.
Méthode de production
L'analyse chimique a révélé la présence de petites impuretés dans le brai, qui mettent en évidence l’application d’une méthode impliquant l’utilisation d’un four et d’un réservoir de collecte. Les Néandertaliens ont donc passé beaucoup de temps à chercher du bois de chauffage et de l'écorce de bouleau dans la steppe à mammouths pourtant pratiquement dépourvue d'arbres, mais aussi à développer ce type de compétences technologiques complexes.
1. Fac-similé d’un petit couteau en silex saisi dans du brai de bouleau Zandmotor, original il y a environ 50.000 ans.
2. Petits rouleaux d’écorce de bouleau.
3. Échantillons de brai de bouleau durci.
4. Pointe de lance expérimentale fixée avec du brai de bouleau. Artisan Paul Kozowyk.
IMAGE: Un Néandertalien pétrit du brai de bouleau concentré autour d'un petit couteau en silex. Illustration : Tom Björklund.
Krijn
Cette découverte a fait ensuite l’objet de recherches approfondies, notamment à l'Institut Max Planck de Leipzig. Il s'est avéré que l'os appartenait à un jeune adulte, probablement un homme. Des études sur les isotopes stables ont permis de déterminer que cet individu mangeait beaucoup de viande, ce qui est typique de ces chasseurs de gros gibier.
Fait remarquable, l'arcade sourcilière présentait à l’arrière une petite cavité, cicatrice d'une tumeur sous-cutanée. Celle-ci a produit une petite bosse, qui s’est révélée bénigne.
1. Fac-similé de l'os frontal fossile du premier Néandertalien néerlandais, « Krijn », bancs de Zélande/ Yerseke, il y a environ 50.000 ans.
2. Fac-similé du fragment du front de Krijn dans un fac-similé du crâne néandertalien de La Chapelle-aux-Saints en France : une correspondance parfaite. Le fossile a 3.000 fois plus de chances d'être un Néandertalien qu'un autre humanidé, prêt Jan Glimmerveen.
3. Empreinte scientifique de « Krijn » par Kennis & Kennis Reconstructions, basée sur le crâne vu au n°2 de cette vitrine, plus la mâchoire inférieure d'un jeune individu croate. Le nez imposant est un trait typique de Néandertal, tout comme le visage plus proéminent. Sur cette empreinte, la tumeur sous-cutanée est clairement visible sous la forme d’une bosse derrière le sourcil droit.
La plus ancienne trace artistique
De cette époque, nous ne connaissons que quatre autres exemplaires comparables en Europe du Nord, dont la mâchoire inférieure d'un cheval découverte au Pays de Galles, frottée à l'ocre rouge. Il semble que ces objets jouaient un rôle rituel ou symbolique ; par ailleurs la similitude de la décoration met en évidence l’existence de contacts à longue distance.
1. Fac-similé d’un os métatarsien décoré. Le décor a été frotté à l'ocre rouge, comme c’est le cas d'une découverte au Pays de Galles. Artisan : Diederik Pomstra ; matériau: os de bovin.
Le plus ancien homme moderne des Pays-Bas avait probablement la peau très foncée et les yeux bleus. Des recherches sur l'aDNA (ADN ancien) montrent que cette combinaison était courante il y a environ 13.000 ans. Une couleur de peau plus claire, absorbant davantage de vitamine D, est apparue plus tard en Europe, elle peut être associée aux migrations successives des sociétés paysannes du Proche-Orient, puis de l'Ukraine et du sud de la Russie.
2. Éclats, plaine de la Meuse 1, il y a 300.000 - 10.000 ans.
ILLUSTRATION: Reconstitution de l’Homme de Cheddar mésolithique. Reconstitution et photo : Kennis & Kennis.
Utilisation et réutilisation
Les grandes pointes dentelées (à partir de 8 cm) furent sans doute utilisées comme des pointes de lance (pour la pêche), les plus petites (3 à 8 cm) comme des pointes de flèche pour pêcher, chasser les oiseaux et les mammifères. L’étude des marques laissées par l’utilisation des pointes montre que leur usage était intensif et qu’elles étaient réparées à de nombreuses reprises.
1. Pointe dentelée en os, plaine de la Meuse 1, 9.000-6.000 avant J.-C.
2. Première pointe en os découverte par Adrie de Vries en 1971, plaine de la Meuse 1, 9.000 - 6.000 av. J.-C., ainsi qu’une copie de la lettre rapportant la découverte.
3. Quelques pointes présentant différents types d'ardillons et différentes longueurs, plaine de la Meuse 1, Hoek van Holland et site inconnu, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
Procédé de fabrication
Les pointes étaient fabriquées en appliquant la technique par rainure et éclat. Des encoches oblongues étaient pratiquées dans un morceau d'os ou de bois de cervidé à l'aide d'un outil en silex, après quoi un éclat d'os ou de bois de cervidé était détaché. Le ponçage et le polissage leur conféraient ensuite une nouvelle forme. Le montage des pointes se faisait avec des fibres telles que le tendon, et parfois avec de la brai (de bouleau).
4. Déchets résultants de la technique par rainure et éclat d'os et de bois de cervidés, Colijnsplaat et Rockanje, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
5. Jeu de fac-similés illustrant la technique par rainure et éclat, réalisé à l'aide d'outils en pierre. Artisan : Diederik Pomstra.
Force musculaire
La méthode ZooMS, qui analyse le collagène, permet de déterminer quels types d’os étaient utilisés pour fabriquer les pointes d’os. Il s'avère que sur les neuf pointes testées, sept provenaient d'os de cerf élaphe et deux... d'os humains !
Bouldnor Cliff
En 1999, des plongeurs ont repéré un homard qui rejetait des silex hors de son terrier. C'est ainsi qu'ils ont découvert un site mésolithique vieux de 8.000 ans dans la rivière Solent (sud de l'Angleterre). Ce site, qui s'érode lentement, est situé dans une forêt submergée au bord d'une plaine fluviale. Des milliers d'outils en silex, une hache et des restes fauniques ont été retrouvés, attestant que de la nourriture était préparée le long de la rivière. Sur un site plus éloigné, de nombreux morceaux de bois travaillés à l’aide d’outils et chauffés ont été mis au jour : un gros tronc de chêne semble avoir été travaillé et transformé en canoë. De grandes plateformes en bois, faites d'écorce et d'aubier, ont également été découvertes ; Bouldnor Cliff semble être le plus ancien chantier du monde.
Photomosaïque 3D d'une plateforme en bois mésolithique de Bouldnor Cliff. Photo : Maritime Archaeology Trust.
Céréale d’antan
Autre découverte spectaculaire à Bouldnor Cliff : des sédiments contenant de l'ADN d’une céréale domestiquée, le petit épeautre, datant de 8.000 ans. Cette découverte est d'autant plus étonnante que les premières sociétés agricoles ne sont apparues en Grande-Bretagne que 2.000 ans plus tard. S'agirait-il d'une importation très précoce en provenance de l'Orient ?
VIDEO: Cette vidéo montre les fouilles sur le site mésolithique de Bouldnor Cliff, menacé par l'érosion. On y voit comment les découvertes sont répertoriées et dessinées sous l'eau et comment le travail est effectué dans une grille en creusant des compartiments à l’aide de bacs en acier. ©The Hampshire and Wight Trust for Maritime Archaeology.
Ciseaux à douille et haches
Les ciseaux à douille étaient fabriqués à partir des os métatarsiens de cervidés et de bovins. Ils étaient notamment utilisés pour le travail du bois.
1. Os métatarsien de cheval complet, Texel, 50.000 - 5.000 av. J.-C.
2. Tête d’articulation sectionnée, Rockanje, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
3. Ciseaux à douille en os de différentes tailles, divers sites de la mer du Nord, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
4. Fragment d’un merlin à pointe en os percé, Brown Bank, 9.000 - 6.000 avant J.-C.
Haches et burins en bois de cerf
Les haches et les burins en bois de cerf étaient principalement utilisés pour couper et travailler le bois. Le bois de cervidés, en raison de sa dureté et de sa résistance, convenait idéalement pour fabriquer des outils. Les bois perdus par les cerfs élaphes ou abandonnés après une chasse étaient souvent utilisés.
5. Haches en bois de cervidé de différentes tailles, divers sites de la mer du Nord, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
Poignées
Pour fixer un morceau de silex tranchant ou une dent dans le manche d'une hache, d'une herminette ou d'un burin, on utilise une poignée ou une manchette en bois de cervidé. Elles servent d'amortisseurs, ce qui réduit le risque que l'outil se brise lorsqu’il est utilisé.
6. Poignée en bois de cerf élaphe, plaine de la Meuse 1 ou Rockanje, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
7. Poignée décorée en bois d'élan, sud de la mer du Nord, 13.000-6.000 av. J.-C.
8. Restes de bois (certains perdus par les cervidés, d’autres avec un fragment de crâne), South Bight mer du Nord, 9.000- 6.000 av. J.-C.
Poinçons et aiguilles
Pour percer les peaux, les hommes utilisaient des poinçons. Des aiguilles plus épaisses ont pu être utilisées comme aiguilles fines pour réparer les filets.
9. Outils en forme de poignard ou de poinçon fabriqués à partir de vertèbres, entre autres Yerseke, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
10. Série de poinçons et de fragments d'os en forme de poinçon , Scheveningen, Rockanje et plaine de la Meuse 1, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
Prière de ne pas toucher
L’apport de la recherche expérimentale
Nous découvrons souvent des parties d'outils, comme des pointes de flèches ou une hache brisée. Parfois, une partie de manche y est encore attachée ; de nombreux matériaux organiques tels que des os, des bois de cervidés et du bois ont été préservés, en particulier dans la mer du Nord. Les recherches expérimentales à l’aide de fac-similés, associées aux recherches archéologiques, permettent de comprendre comment les outils étaient fabriqués, comment ils fonctionnaient et à quoi ils ressemblaient.
Ces fac-similés ont été réalisés par Diederik Pomstra.
À gauche, de haut en bas
Ciseau à douille
Ce ciseau à douille est fabriqué à partir de l'os métatarsien d'un bovin ; l’un des côtés a été creusé, l’autre a été biseauté. Une tige en bois d’aulne est enfoncée dans le creux. Ce sont des outils extrêmement durs qui servent par exemple à travailler le bois et la peau.
Hache en bois de cervidé
Les bois de cervidé sont durs, résistants et durables. Cette hache est fabriquée à partir d'un morceau de bois de cerf élaphe, le manche en noisetier est fixé dans le creux. Cet outil servait à faire des découpes grossières. Ce type d'outil a été utilisé pendant plusieurs siècles.
Bâton à fouir
Le bâton à fouir permet de chercher de la nourriture dans le sol ou de creuser des trous. Une masse de pierre (Geröllkeule) sert de contrepoids et facilite ainsi le creusement. Cette pierre est souvent percée en forme de sablier. Le bâton, durci par le feu, est utilisé pour creuser. Un bâton à fouir peut également servir de massue ou d’arme contondante.
Au milieu
Herminette combinée
Voici une herminette, une hache montée horizontalement. Elle a été fabriquée à partir de la défense d'un sanglier sauvage. La pièce est fixée dans une manchette en bois de cerf, qui absorbait les chocs. L’herminette était utilisée pour le travail de précision (du bois).
À droite
Flèches et lances
La flèche a été fabriquée à partir d'une pousse de noisetier. La pointe de la flèche est faite d'os de cerf élaphe et fixée avec de l'écorce de tilleul. Les plumes d'oie sont fixées à l'aide de tendons.
La pointe de la lance est en bois de cerf, redressé par la chaleur. Elle est fixée avec de l'écorce de cerisier dans un harpon ou une lance en noisetier.
VIDEO: La fabrication d'outils à partir d'un bloc de silex demande beaucoup d'expérience. Au Paléolithique supérieur et au Mésolithique, une technique est apparue. Elle consistait à extraire de longs copeaux de silex (lames) d'une pièce centrale à l'aide de marteaux (en bois de cerf) et sous l'effet de la pression. En traitant et en retouchant (aiguisant) ces lames, on obtenait toutes sortes d'outils utiles. Film © Musée gallo-romain de Tongres
VIDEO: La technique par rainure et éclat est un moyen pratique d'obtenir une multitude d'outils à partir d'un morceau d'os ou de bois de cervidé. En découpant des copeaux dans le matériau à l'aide d'un silex, on obtient de petits produits semi-finis qui peuvent être transformés en différents outils. Film ©Musée gallo-romain de Tongres
Coup de bol
Un micro-CT scan a révélé que le projectile dans la mâchoire de ce cerf était une petite lame. Apparemment, il aurait tout aussi bien pu être utilisé à la place d'une pointe de flèche. Le cerf a peut-être survécu à l'attaque ; il semble que l'os ait continué à croître après l'attaque.
1. Fragment de mâchoire inférieure d'un cerf élaphe avec une pointe de flèche en silex incrustée, plaine de la Meuse 2, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
Nos plages sont jonchées de microlithes, de petits éclats et de lames.
2. Éclats, plaine de la Meuse 2 et Zandmotor, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
Chasse et abattage
Des morceaux d'os portant des marques distinctes d'abattage à l’aide d’outils en silex sont régulièrement découverts. Les os étaient également fracturés pour en extraire la moelle. Des marques de découpe découvertes sur des os de loutre et de castor, attestent que ces animaux étaient abattus pour leur peau.
3. Os et fragment d’os portant des traces de découpe préhistoriques, plaine de la Meuse et Rockanje, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
4. Têtes d’os métatarsiens fracturés, probablement pour en extraire la moelle. Un coquillage s’est incrusté dans l’un des exemplaires, baie sud de la mer du Nord, 9.000 - 6.000 av. J.-C.
Cartographie du paysage englouti
Les objets trouvés sur les plages et dans les filets proviennent d'un vaste paysage inconnu. Depuis 2015, dans le cadre du programme Europe's Lost Frontiers,une équipe internationale de chercheurs répertorie toutes les informations existantes. Le projet associe l'archéologie, la géophysique, la biologie moléculaire et des simulations informatiques pour étudier comment les communautés du Doggerland ont fait face au changement climatique et à l'avancée de la mer. Des modèles sont également utilisés pour tenter de localiser les sites dans le paysage. Les données géophysiques et sismiques provenant de l'industrie des matières premières revêtent une grande importance à cet égard. Elles peuvent être utilisées pour cartographier les rivières, les dunes, les lacs et les deltas.
Un tsunami révélé par forage
À l’issue des recherches sismiques, un programme de forage à grande échelle a été lancé sur deux sites. Les carottes prélevées ont été datées et étudiées. Les résultats ont mis en évidence des indices de l'impact du glissement de terrain de Storegga, qui a provoqué un tsunami catastrophique pour le Doggerland il y a 8.150 ans, sous la forme de dépôts de pierres et de coquillages brisés. ll est apparu que trois grandes vagues distinctes ont frappé la terre et se sont ensuite retirées.
Des soupçons confirmés ?
En 2019, le navire de recherche Belgica a mené une expédition dans le cadre du projet Europe's lost frontiers. Il a mis le cap sur la Southern River au large de la côte de Norfolk qui, d'après les recherches géophysiques, aurait été un endroit idéal pour un campement au Mésolithique. Deux morceaux de silex travaillés, dont un fragment de billot en pierre, ont été identifiés parmi les échantillons prélevés. C'est la première fois qu'une étude géophysique débouche véritablement sur la découverte d'un site.
Brown Bank
Avec ses crêtes de sable et ses ravines, le Brown Bank, qui s'étend sur 30 km, est l'un des sites les plus exceptionnels de la mer du Nord. Un projet de recherche britannico-belgo-néerlandais s'y déroule depuis 2018 : Deep History: Revealing the palaeolandscape of the Southern North Sea. À bord du navire de recherche Belgica, des techniques acoustiques sont utilisées pour cartographier les fonds marins du Brown Bank. Le forage et le dragage permettent d'extraire du bois, du charbon de bois et des silex non travaillés. La découverte des premiers sites n'est qu'une question de temps.
VIDEO: Cette vidéo présente un aperçu des recherches récentes menées par l'Institut flamand de la mer (Vlaams Instituut voor de Zee). Différentes techniques permettant d'améliorer notre connaissance du paysage du Doggerland y sont détaillées.
ILLUSTRATIONS DE HAUT EN BAS :
RV Simon Stevin, le navire de recherche multidisciplinaire flamand. Photo : Institut flamand de la mer
Le Doggerland il y a environ 16.000 ans, avec la rivière Southern, un site de recherche du projet Europe's Lost Frontiers. Illustration : Europe’s Lost Frontiers.
Des chercheurs au travail sur le RV Simon Stevin. Photo : Institut flamand de la mer
Scan en 3D d’un fragment de billot en pierre découvert près de la rivière Southern. Illustration : Europe’s Lost Frontiers.
Agassiz
Après le pic de la dernière période glaciaire, il y a 22.000 ans, les calottes glaciaires ont fondu et le niveau de la mer s'est élevé de 65 m en 10.000 ans. Au cours de notre ère, l'Holocène, la mer s'est élevée de 1 m par siècle jusqu'à il y a 8.000 ans. Cette hausse a parfois été rapide, comme il y a 8.450 ans, lorsque la fonte des glaces terrestres au Canada a soudainement provoqué l’assèchement de plusieurs grands lacs, comme le lac Agassiz, dont les eaux furent drainées dans l'océan Atlantique. Le niveau de la mer s'est alors élevé de 4 m en 200 ans. Une grande partie du Doggerland a disparu. Le Doggerbank est devenu une île et, dans la plate vallée du Rhin et de la Meuse, près de Rotterdam, le littoral s'est déplacé vers l'est de 100 m par an.
Storegga
Une autre catastrophe s'est produite lors de l'élévation rapide du niveau de la mer. Vers 6.150 avant J.-C., une bande de terre de 290 km de long et d'un volume de 3.000 km3 s'est détachée de la côte norvégienne, ce qui a provoqué un énorme raz-de-marée de 20 m de hauteur près des îles Shetland et de 5 m de hauteur sur les côtes écossaises. S'engouffrant dans les roselières basses près de Leyde et de Rotterdam, une vague irrépressible d'eau brune a déferlé sur les forêts marécageuses du Brabant septentrional. Ce tsunami a laissé derrière lui un paysage désolé, mais encore habitable. Vers 5.500 avant J.-C., les toutes dernières parties du Doggerland disparaissent définitivement sous les vagues.
Le souvenir de Doggerland
Le Doggerland a disparu sous les vagues il y a des milliers d'années. La plupart des gens ignorent que la mer du Nord était autrefois une terre. Mais en d’autres contrées, comme les rivières Yarra et Narrunga en Australie, les souvenirs de terres noyées il y a des milliers d'années restent très vivaces dans les légendes. Il se pourrait donc que nos fameux récits sur l'Atlantide, le déluge de la Bible et la référence à un déluge dans l'épopée de Gilgamesh fassent écho à des terres existantes qui ont été noyées.
Cette carte illustre le plateau continental, avec en rouge la zone asséchée qui a disparu au cours des 20.000 dernières années (source : Simon Fitch/Lost Frontiers Project, Bradford University).
Australie: Sites archéologiques découverts entre 3 et 14 m sous l'eau. Les Narrunga du Golf de Spencer (Australie méridionale) racontent que la région faisait autrefois partie d'une grande plaine fluviale basse parsemée de lagunes d'eau douce, mais qu'elle a été envahie par l'eau de mer. Cette inondation a sans doute eu lieu entre il y a 9.550 à 12.450 ans.
Les Yarra: près de la baie de Port Phillip (Victoria) se souviennent que dans la zone autour de la baie, on chassait les kangourous et les opossums et que la rivière Yarra se jetait bien plus loin dans la mer.Cette région a été submergée par les eaux entre il y a 7.220 à 9.350 ans.
Le Doggerland et l’Europe: Autrefois, 2,5 millions de km2 de terre ferme : 40 % de l'Europe actuelle. Longtemps habité jusqu'à ce qu'il soit inondé.
La mer Noire: Vers 5.600 avant J.-C., la mer Méditerranée rompt une barrière et inonde en peu de temps 100.000 km2 autour de l'actuelle mer Noire. Inspiration possible : le récit du déluge dans la Bible.
Béringie: Pont terrestre entre la Sibérie et l'Alaska. Il est possible qu'elle ait été habitée il y a 30.000 à 40.000 ans et qu'elle constitue, avec le littoral oriental, la porte d'entrée des premiers habitants de l'Amérique du Nord.
Sundaland: 2 millions de km2 de plaine noyés entre l'Asie du Sud-Est et l'Australie.
Du matériel bien conservé
D’une manière générale, très peu de matériel osseux a été préservé en Europe mésolithique, sauf, précisément, en mer du Nord.
1. Humérus avec prélèvement d’échantillon pour la datation au carbone 14, Brown Bank, 8.271 - 7.966 av. J.-C. L'analyse de l'ADN ancien a révélé qu'il s'agissait d'un homme appartenant à un haplogroupe typique de chasseur-cueilleur.
Des mâchoires puissantes
La forme et les caractéristiques d'un os permettent d’identifier le sexe, l'âge, les blessures ou les maladies. Les os du Mésolithique sont très solides. C’est le cas des mâchoires, par exemple. Il est probable que les hommes du Mésolithique avaient besoin de mâchoires et de molaires puissantes pour se nourrir et travailler, contrairement aux agriculteurs du Néolithique qui se nourrissaient de bouillie et de pain.
2. Morceau de mâchoire avec échantillon, Brown Bank, 8.422 - 8.241 avant J.-C
Du poisson au menu
Les isotopes stables comme le carbone et l'azote présents dans les os nous renseignent entre autres sur le régime alimentaire. En mesurant le carbone et l'azote dans plus de 30 fragments humains, on a découvert que la majorité des habitants du Doggerland se nourrissaient surtout de poissons d'eau douce, d’oiseaux aquatiques, de loutres et de castors. L’augmentation du taux d’humidité a entraîné une consommation accrue d’animaux d’eau douce et une diminution du recours aux animaux terrestres pour se nourrir. Les habitants ont choisi de s'adapter aux conditions changeantes plutôt que de déménager. Les recherches futures sur les isotopes du strontium pourront également fournir des informations sur leur origine et leur mobilité.
3. Dremel pour échantillonnage, tube d’échantillonnage et pipette.
Grand pingouin
Non, ceci n’est pas un manchot ! Voici un grand pingouin. Cette espèce appartenait à la famille des alcidés, apparentée à des espèces comme le guillemot et le macareux moine. C’était la plus grande espèce de cette famille, presque deux fois plus grande que le petit pingouin. Mais en réalité, il faut en parler au passé : le grand pingouin n’existe plus. Il a le triste privilège d’être l’une des seules espèces d’oiseaux européennes à avoir disparu. En 1844, les deux derniers grands pingouins vivants furent tués en Islande.
L’une des particularités du grand pingouin était qu’il ne pouvait pas voler. Pour chasser les poissons sous l’eau, voler n’était pas nécessaire. Il se reproduisait sur de petites îles rocheuses le long des côtes de l’Atlantique Nord, et il n’avait donc pas besoin de voler pour atteindre ses sites de nidification. Les grands pingouins étaient parfaitement adaptés à la vie en haute mer, mais malheureusement d’une manière qui les rendait très vulnérables à la surexploitation par l’homme.
Cet hologramme est basé sur une numérisation 3D détaillée du (seul) spécimen naturalisé de grand pingouin conservé dans la collection de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) à Bruxelles. Grâce à une analyse ADN, on a pu établir qu’il s’agissait du mâle du dernier couple jamais observé, sur l’île d’Eldey au large des côtes islandaises. Grâce aux technologies modernes, nous pouvons redonner vie numériquement à ce spécimen rare, sans mettre en danger l’original fragile.
Découverte sur la plage: grand pingouin
En octobre 2021, Sonja Luypaert a trouvé un os d’oiseau sur la plage d’Ostende. Grâce à ses nombreuses années d’expérience en tant que ramasseuse de plage, elle a pu reconnaître qu’il s’agissait d’un os ancien et qu’il pourrait bien être quelque chose de spécial. La découverte a été soumise à plusieurs experts. Bram Langeveld, du Musée d’Histoire Naturelle de Rotterdam, a identifié l’os comme un humérus (os du bras) appartenant au grand pingouin aujourd’hui disparu. C’est la première fois qu’un reste de cette espèce d’oiseau emblématique est découvert dans notre pays !
La découverte remarquable de Sonja souligne l’importance de la science citoyenne, où des passionnés (archéologues et paléontologues amateurs) jouent un rôle crucial dans la découverte et la protection de notre patrimoine naturel.
Plus tard dans la même année, Sven Delandat a trouvé un second os, cette fois sur la plage de Blankenberge. Aux Pays-Bas, on connaît désormais des dizaines de découvertes de restes squelettiques de grands pingouins. Cela suggère que cette espèce, après la dernière période glaciaire, apparaissait peut-être régulièrement comme visiteur hivernal dans le sud de la mer du Nord.
Morses flamands
Au cours des dernières décennies, des dizaines d’ossements fossiles de morses ont été repêchés dans le chenal du « Scheur », près de Zeebruges. Les morses sont facilement reconnaissables à leurs impressionnantes défenses, qui chez les adultes poussent tout au long de leur vie et peuvent atteindre jusqu’à un mètre de long. Sur la plupart des crânes fossiles, ces défenses sont brisées, comme sur cet exemplaire. Les profondes alvéoles dans lesquelles elles étaient ancrées restent toutefois bien visibles. Les molaires des morses sont peu développées. Ils se nourrissent principalement de coquillages, qu’ils aspirent hors de leur coquille pour les avaler entiers.
1. Fragment de crâne avec maxillaire supérieur d’un morse adulte, le Scheur (Zeebruges), 100.000–45.000 ans
2. Mandibule de morse, le Scheur (Zeebruges), 100.000–45.000 ans
Collection : Musée d’histoire naturelle de Rotterdam
Une voie rapide pour le commerce
Au Néolithique et à l'âge du bronze, le commerce et les échanges par voie maritime se multiplient : les hommes, les connaissances et les produits voyagent le long des côtes. Au cours des siècles suivants, la mer du Nord va occuper une place de plus en plus importante dans les réseaux commerciaux.
1. Hache à talon, Yerseke, 1.500 - 1.100 avant J.-C.
2. Figurine Guanyin chinoise, ivoire, Yerseke, env. 1.600 - 1.900 après J.-C.
L’homme et la mer
La pression exercée par l’homme sur la mer du Nord constitue une menace majeure pour l'archéologie et son exceptionnel écosystème. En témoignent les marsouins échoués, les conteneurs rejetés par-dessus bord, les centaines de milliers de cotons-tiges, la soupe de plastique et les microplastiques invisibles. Des organisations telles que la Fondation de la mer du Nord et Greenpeace dressent un tableau de la situation.
3. Briquet à balanes, cotons-tiges.
Toutes ces interventions fournissent de nombreuses informations sur le Doggerland. Mais c'est aussi ce qui menace le patrimoine : des sites bien conservés s'érodent ou sont aspirés. En collaboration avec d'autres agences et parties prenantes, l'Agence nationale du patrimoine culturel élabore des plans visant à mieux protéger le patrimoine préhistorique en mer du Nord. Notre plus important héritage archéologique se trouve peut-être sous l'eau.
4. Le cadre de recherche et de gestion pour l’archéologie préhistorique en mer du Nord révisé en 2019 (NSPRMF).